La disparition d’un sage : Pierre Rabhi, qui a fortement contribué à faire progresser la conscience écologique auprès du grand public dès les années 2000, sans lui impulser volontairement un contenu politique.
Sommaire
L’écologiste Pierre Rabhi : Disparition d’un sage
Une hémorragie cérébrale a eu raison, de la vie de ce grand homme qu’était Pierre Rabhi, il nous a quittés samedi dernier, nous a appris son fils Vianney, par un simple communiqué à l’AFP, il a marqué son époque, par sa sagesse et son empreinte, tout le monde de l’écologie, et nombreux sont les autres témoignages qui le regrettent déjà.
Note de l’auteur : J’ai fait le présent l’article en la mémoire de Pierre Rabhi, sans tenir compte de la politique qu’il n’aimait pas, mais sans oublier quelques unes de ses citations parmi les plus célèbres, et je dois dire que j’ai eu du mal, pour en faire une sélection, tant elles sont nombreuses et intéressantes.
Ce grand homme, paysan, écrivain, philosophe, conférencier et écologiste d’origine algérienne était une référence incontestée et incontestable, dans le domaine de l’agroécologie en France, et il était aussi le fondateur du mouvement Colibris, c’est une grande perte pour la cause écologiste, heureusement que nous restent ses écrits et ses conférences.
Juste pour information, on estimait en 2006, qu’il restait entre 500 millions et 2,5 milliards d’hectares encore cultivables sur Terre. Simple calcul, avec les rendements de 2006, la planète pouvait donc théoriquement nourrir entre 8,4 milliards et 16,4 milliards d’habitants et entre 15,6 et 24,6 milliards selon la productivité qui est prévue pour 2050, mais ce n’est pas une raison pour gâcher la nourriture, que nous avons tant de mal à produire sur terre, et cela aura été son combat.
Qu’est ce que l’agroécologie
Ce n’est pas une lubie, ni une technique, c’est un ensemble d’idées et de méthodes pour considérer l’ensemble du milieu dans lequel elle s’inscrit avec une véritable écologie. La pratique agroécologique a le pouvoir de refertiliser les sols, de lutter contre la désertification, de préserver la biodiversité (dont les semences), et d’optimiser l’usage de l’eau, qui manque déjà à certains endroits de notre terre.
Elle est une alternative peu coûteuse et adaptée aux populations les plus démunies en France comme ailleurs, et nous regrettons qu’elle soit moquée parfois et détournée de son sens originel, exit les pesticides (engrais chimiques ou engrais liquides) et les méthodes productives à outrance, c’est un terme, déjà relativement ancien, et la première fois qu’apparût ce mot, c’était en 1928, quand Bessin (agronome russe), l’employa pour décrire l’utilisation de méthodes écologiques appliquées à la recherche agronomique.
Des tentatives de définition ont été faites à plusieurs reprises. Mais il n’existe à l’heure actuelle aucune définition officielle même si dans son avis du 19 août 1995, la Commission d’enrichissement de la langue français essaya de donner deux définitions, assez proches, et somme toutes acceptables :
- Application de la science écologique à l’étude, à la conception et à la gestion d’agrosystèmes durables.
- Ensemble de pratiques agricoles privilégiant les interactions biologiques et visant à une utilisation optimale des possibilités offertes par les agrosystèmes.
Pierre Rabhi, en quelques dates
Il était né en 1938, le 29 mai, à Kenadsa, Wilaya de Béchar dans le Sud Algérien, aux portes du désert du Sahara, mais il vivait dans le sud de la France depuis 1961 (Cévennes, Ardèche, où il disait plus ou moins retrouver ses paysages naturels d’origine, qu’il revisitait autant que possible), décédé le samedi 4 décembre 2021à Lyon, il aura donc vécu 83 ans, d’une vie pleine de sagesse et de bon sens, et beaucoup diront que le grand père de l’écologie nous a quittés à jamais.
Sa vie fut assez bouleversée, dès son plus jeune âge, il perdit sa maman, ce qui obligea son papa à le confier, à un couple de français pour être éduqué, sans toutefois rompre avec son milieu traditionnel, et c’est ainsi qu’il alla à l’école coranique et à l’école française, pour finir par être couronné d’un de ses rares diplômes à savoir le CEP Certificat D’Etudes Primaires.
Quelques années plus tard, il déménage à ORAN, et se convertit au christianisme, ce qui eut pour effet de l’exclure de la communauté musulmane et d’augmenter les dissensions avec son papa adoptif, pour aboutir à une sérieuse dissension (avec son père adoptif), puis une rupture.
En 1959, il traverse la Méditerranée, comme tant d’autres et se retrouve à Paris, et là il entame, ou il poursuit ses lectures de philosophie, ce qui l’amène à entamer une réflexion de fond, sur la condition humaine et ses contradictions, dans cette même période il épousa Michèle, avec qui il eut 5 enfants.
Sur le papier, Pierre Rabhi n’avait rien pour faire scandale. Par ailleurs, Rabhi a eu une vie incroyable, son existence a épousé les soubresauts de l’histoire Rabhi a très tôt été contraint de trouver une voix singulière comme il l’a raconté dans un “A voix nue” à la camarade Pauline Chanu.
Toute sa vie, il a multiplié rencontres, conférences, et livres pour promouvoir la cause de la sobriété heureuse devenant une sorte de prophète pour une partie des habitants de la planète, même s’il a souvent été critiqué par tout un tas de personnages plus ou moins troubles que nous qualifierons de « jaloux », et qui selon nous n’ont jamais été voir le fond de ses pensées.
Pierre Rabhi, ses plus célèbres publications.
Il était l’auteur de nombreuses publications, parfois seul sur son nom propre, parfois avec d’autres adeptes de l’écologie, sans souhaiter en faire une bible nous pouvons citer :
- 1984 -Du Sahara aux Cévennes–Itinéraire d’un homme au service de la Terre Mère
- 2005 – Graines de possibles : regards croisés sur l’écologie, avec Nicolas Hulot
- 2006 – La part du colibri : L’espèce humaine face à son devenir.
- 2008 – Manifeste pour la Terre et l’humanisme : pour une insurrection des consciences
- 2010 – Vers la sobriété heureuse « plaidoyer sur la joie de vivre dans la simplicité »
- 2017 – L’enfant du désert, avec Claire Eggemont et illustré par Marc N’Guessan
- 2017 – Demain entre tes mains, avec Cyril Dion
- 2019 – Vivre mieux sans croissance, avec Juliette Duquesne
Il était très fier de ses décorations :
- 2017 – Médaille Grand Vermeil de la Ville de Paris
- 2017 – Chevallier de la Légion d’honneur, insignes remises par Ségolène Royal, pour le récompenser d’un parcours hors normes (humaniste, écologiste).
Et n’oubliait pas de préciser avec fierté, qu’en 1997, l’ONU le reconnut comme un expert en sécurité et salubrité alimentaire, et lui demande de proposer une convention de lutte contre la désertification.
Réactions unanimes (décès) des tous connus ou inconnus sur internet
Il est impossible d’écrire que sa vie aura été un long fleuve tranquille, car Pierre n’a jamais voulu ni souhaité se rapprocher des partis politiques, mais néanmoins, il avait de nombreux adeptes, dans l’échiquier politique que cela soit à gauche ou bien à droite.
A tel point que certain le dénommaient le « Gourou de l’écologie »; et certains politiques lui reprochaient entre autres ses positions sur l’homosexualité, sur les femmes, et sur les questions sociétales au sens large, Mais Pierre de la politique il s’en fichait, comme de sa première chemise.
Malgré tout cela il eut le courage de vouloir se présenter aux élections présidentielles de 2002, mais le système ne le laissa pas faire, car il n’obtint que 184 parrainages sur les 500 qui étaient nécessaires, ou imposé par la réglementation et les grands partis.
Twitter – LPO « Les colibris et l’écologie sont en deuil », a réagi La Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) sur Twitter. Pierre Rabhi avait choisi ce petit oiseau pour illustrer sa philosophie en se fondant sur une légende amérindienne: face à un incendie dans une forêt, le colibri « s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu », suscitant des sarcasmes de la part des autres animaux. « Je le sais, mais je fais ma part », répondait-il dans cette légende que Rabhi ne cessait de conter.
Twitter Jacques Attali écrit : En le perdant, la vie perd l’un de ses plus merveilleux avocats.
Twitter Renaud Muselier : La disparition de Pierre Rabhi est celle d’une figure emblématique du combat pour l’environnement et contre le réchauffement climatique. Avec humilité et franc-parler à la fois, il incarnait une facette de l’écologie qui restera une inspiration pour beaucoup.
Pierre Rabhi, quelques unes de ses citations célèbres
Nous terminerons le présent article, par quelques unes de ses nombreuses citations, parmi les plus célèbres, il en a fait tellement, que nous avons eu du mal, à nous décider à faire un choix, en commençant par sa préférée probablement :
- « Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. De tous les animaux terrifiés, seul le petit colibris s’active, et crache sur le feu. Agacé, le tatou, lui dit « Colibri ! Cela ne sert à rien ! » Je sais, mais je fais ma part. »
- « Il est urgent d’éradiquer ce principe de compétition qui place l’enfant, dès sa scolarité, dans une rivalité terrible avec les autres et lui laisse croire que s’il n’est pas le meilleur, il va rater sa vie. Beaucoup répondent à cette insécurité par une accumulation stupide de richesses, ou par le déploiement d’une violence qui vise à dominer l’autre, que l’on croit devoir surpasser. »
- « On mange tellement de choses toxiques que ce n’est pas bon appétit que j’ai envie de dire, mais bonne chance » !!!
- « La sobriété permet de retrouver, la sobriété de l’enchantement. » !!!
- « Nous ne vivons pas, nous sommes conditionnés, endoctrinés, manipulés, pour n’être que les serviteurs d’un système » !!!
- « La joie de vivre ne s’achète pas, ni dans les supermarchés, ni dans les magasins de luxe. » !!!
- « L’être humain a véritablement besoin de vie et de temps pour ne rien faire. Nous sommes dans une pathologie du travail, où toute personne qui ne fait rien est forcément un fainéant ». !!!
- « Il est urgent de placer l’humain et la nature au cœur de nos préoccupations et l’économie à leur service. S’obstiner à maintenir le profit illimité et la croissance indéfinie comme fondement de l’ordre mondial est totalement suicidaire.”
- “Nous avons aussi appris que la plus grande mutilation que l’on puisse faire à l’homme, c’est de le priver de toute insécurité. L’insécurité nous a forcés à tirer de nous-mêmes des richesses que nous ne soupçonnions pas : imagination, créativité, résistance physique et psychique, victoire sur les privations de toutes sortes, les inconforts.”
Auteur Antonio Rodriguez, Directeur Clever Technologies
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