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Label 100 % viticulture : Le Beaujolais Bio
La tendance « bio » devient incontournable. De plus en plus de consommateurs semblent être sensibles à cette forme de consommation plus responsable. Pour autant, il n’est pas toujours simple de se retrouver dans un dédale de labels et de certifications. En effet, les pratiques sont bien différentes les unes des autres.
Un rappel des principaux labels sera proposé ainsi que la mise en avant d’éléments plus spécifiques et structurants du Beaujolais. Envie d’en savoir plus sur le Beaujolais ? Nous vous invitons à consulter Beaujolais & Co, le site référence sur les vins du Beaujolais.
Les labels à la loupe
Terra Vitis
C’est une initiative de quelques vignerons du Beaujolais qui a vu le jour en 1998. C’est un label 100 % viticulture. En 2001, se crée une fédération nationale qui regroupe 6 associations régionales : Alsace, Beaujolais, Bourgogne, Bordeaux, Loire, Rhône, Champagne.
Les vignerons qui adoptent cette démarche de certification s’engagent dans un process large de viticulture raisonnée. Il concerne l’environnement (viticulture raisonnée, saine et durable) mais aussi la responsabilité sociale de l’entreprise, les conditions de travail des collaborateurs. L’enjeu est aussi d’assurer la pérennité des exploitations. Un accent important est mis sur l’écoute du consommateur.
Le respect de l’environnement passe entre autres par : une volonté d’enherber le vignoble et d’éviter des traitements non justifiés. En outre, la préservation des paysages viticoles est importante. Il s’agit d’une pérennisation des chemins, des talus, des points d’eau et des haies. Il est également question de l’entretien des abords du domaine, des murets et des bois.
En 2020, une centaine de domaines du vignoble beaujolais sont certifiés Terra Vitis.
HVE
L’acronyme signifie : Haute Valeur Environnementale. Cette approche a vu le jour à l’issue du Grenelle de l’environnement. C’est un processus assez long qui se fait sur plusieurs années (3-4 ans) et par palier. Le plus haut niveau est HVE 3. C’est toute l’exploitation et son organisation qui est certifiée. L’objectif est d’identifier et valoriser des approches plus respectueuses de l’environnement.
Quatre thématiques clés sont listées :
- La biodiversité
- L’usage des produits phytosanitaires
- La gestion de la fertilisation
- Le ressources en eau
en savoir plus : Beaujolais & Co
Désormais, un domaine certifié Terra Vitis est automatiquement certifié HVE 3
En Beaujolais, il y a plus de 200 domaines qui sont certifiés HVE. La dynamique est conséquente.
AB – Agriculture Biologique
Dans l’année 2020, en Beaujolais, il y avait plus de 150 exploitations qui étaient certifiées Agriculture biologique ou en cours de conversion. Il s’agit d’une certification européenne. Elle proscrit l’utilisation de produits chimiques et de synthèse.
Demeter
Il s’agit d’un organisme de certification en Bio-Dynamie. A ce jour, une dizaine de domaines sont concernés en Beaujolais. En savoir plus.
Il s’agit d’utiliser des préparation biodynamiques afin d’agir sur l’équilibre de l’écosystème, et ce, en accord avec le cycle lunaire et le rythme cosmique. Un calendrier spécifique est établi pour déterminer la bonne période pour les différents traitements et les travaux de la vigne.
RSE
La signification de l’acronyme est : Responsabilité Sociétale d’Entreprise. Elle est définie au travers d’une norme internationale Iso 26 000. La RSE intègre des questions d’ordre environnemental mais également les aspects sociaux (santé et sécurité des travailleurs, consommateurs, riverains), économiques (pérennité de l’entreprise, relation aux fournisseurs, clients et au territoire dans son ensemble).
Pour le moment, cette approche est relativement peu répandue en Beaujolais.
Vin nature
Il s’agit d’une méthode de vinification et non pas d’une pratique culturale. Au chai, le vigneron effectue le moins d’interventions possibles lors de la vinification. A l’origine, le vin nature est donc une approche de la vinification mais sans concerner la viticulture. Ainsi, il était tout à fait possible d’avoir une vigne remplie de pesticides.
Dans la pratique, les vignerons qui proposent des vins natures conduisent plutôt leur vigne dans une approche biologique. En outre, le nouveau cahier des charges « vin méthode nature » (reconnu par INAO en 2020) impose désormais une vigne conduite en agriculture bio.
Il n’y a donc pas d’utilisation de sucre, les levures sont indigènes (on utilise celles qui sont sur la peau du raisin et aucune autre n’est ajoutée). Le soufre n’est pas ajouté ou à des doses extrêmement faibles (tolérance de 30 mg/l au moment de la mise en bouteille).
La démarche Agroécologie – Agroforesterie
La démarche semble être assez appréciée en Beaujolais. Plusieurs domaines ont décidé de façon collégiale de travailler à une nouvelle approche de l’agriculture. L’objectif est de d’obtenir un système de production performant d’un point de vue environnemental, économique, et social.
Ainsi, une action visant le maintien ou la réintroduction de la biodiversité est entreprise. En parallèle, une démarche de limitation des intrants, de la préservation de la vie des sols, de la qualité des eaux est mise en place. Pour cela on s’appuie sur la restauration d’un ensemble paysager varié.
L’agroforesterie est un mode d’exploitation en agriculture. Il vise à réintroduire les arbres au côté de la culture majeure, mais aussi de l’élevage. C’est un écosystème qui est réintroduit afin notamment d’améliorer la protection des sols.
La réalité Beaujolaise
La carte des producteurs labélisés « bio » montre que cette démarche s’est faite dans des zones à forte tradition de vente directe mais aussi dans des vignobles au relief plus adouci comme Villé-morgon, Régnié-Durette, Fleurie, Saint-Etienne des Ouillières.
Il faut noter que certains éléments structurants du vignoble beaujolais ne sont pas forcément facilitateurs pour une approche « bio ».
Ainsi, les parcelles en Beaujolais sont en proportion très pentues et de petite taille. Cela implique des coûts de production élevés et des conditions d’exploitation très délicates. La mécanisation est rendue extrêmement compliquée. Passer une exploitation en Bio fait perdre des rendements et donc de l’argent. La valorisation financière se fait sur du moyen terme.
D’autres éléments viennent structurer le vignoble beaujolais. La proportion de vieilles vignes dans le vignoble est particulièrement importante. Il n’est pas rare d’avoir des exploitations avec des vignes de plus de 70 ans, voire même plus de 100 ans. Le rendement des vignes anciennes est faible.
Enfin, notons que ces dernières années, une proportion importante de vignerons cessant leur activité est venue renforcer un mouvement d’implantation de néo-vignerons en terre beaujolaise. Ces derniers apportèrent avec eux de nouveaux modes de viticulture et de vinification, plus en adéquation avec les consommateurs et l’air du temps.
La Tutelle de Jules Chauvet
Le vignoble du Beaujolais compte dans ses personnages historiques Jules Chauvet (1907-1989). L’homme est considéré comme « le père » du mouvement des vins natures. Originaire plus précisément de la Chapelle de Guinchay, il était un négociant, éleveur de vin. Chimiste de formation, il travailla entre autres sur les levures, la fermentation, la macération carbonique, la chaptalisation.
Avec la tutelle de cette figure historique qui marqua un grand nombre de générations, le vignoble du Beaujolais avait toutes les raisons de s’intéresser à une approche de la viticulture et de la vinification plus respectueuse de l’environnement, de sa préservation et de la valorisation de son terroir.
La conversion des pratiques (viticulture et vinification) des vignerons du Beaujolais est donc en marche.
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